
Le journal suisse Le Temps et le journal français Libération ont publié hier des longs extraits de la lettre adressée à sa mère. Les mots aussi en disent longs :
Comme je te disais, la vie ici n’est pas la vie, c’est un gaspillage lugubre de temps. Je vis ou survis dans un hamac tendu entre deux piquets, recouvert d’une moustiquaire et avec une tente au-dessus, qui fait office de toit et me permet de penser que j’ai une maison. J’ai une tablette où je mets mes affaires, c’est-à-dire mon sac à dos avec mes vêtements et la Bible qui est mon unique luxe. Tout est prêt pour que je parte en courant. Ici rien n’est à soi, rien ne dure, l’incertitude et la précarité sont l’unique constante. A chaque instant, ils peuvent donner l’ordre de tout ranger – pour partir – et chacun doit dormir dans n’importe quel renfoncement, étendu n’importe où, comme n’importe quel animal
Il est vrai que dans ces moments-là la réélection ou non de Christoph Blocher au Conseil fédéral paraît un enjeu bien futile…
Source : Ingrid Betancourt: «Ici, nous vivons comme des morts» (Le Temps)
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