A première vue l’information fournie en fin de ce billet n’a guère de rapport avec ce site. Et pourtant… ma commune de La Tour-de-Peilz a des liens avec Gustave Courbet, peintre, lithographe et dessinateur français, qui y a passé les dernières années de sa vie jusqu’à sa mort en 1877.

Les Dents du Midi (depuis Le Bosset), 1874
Collection particulière
Artiste : Jean-Désiré-Gustave Courbet
A ce sujet, je laisserai la parole à mon camarade défunt, Robi Rithener. Ce dernier nous régalait d’une conférence improvisée sur le peintre en pleine séance du Conseil communal au mois de février 2005 :
« Nommé président de la Commission des Beaux-Arts lors de la Commune de Paris, il participa au renversement de la colonne Vendôme et fut condamné, parmi d’autres, à payer les frais de sa restauration, ce qui le ruina et l’obligea à s’exiler. Il fut accueilli à La Tour-de-Peilz et bien défendu, puisqu’on cacha ses toiles, qui intéressaient le gouvernement français pour leur valeur, dans un tonneau du Café du Centre. Courbet fut enterré dans le cimetière de La Tour-de-Peilz, désaffecté lors de la construction en 1954 de l’actuel collège qui porte son nom. Sa dépouille fut rapatriée à Ornans en 1919.
Il reste dans notre cité une trace matérielle de son séjour, à savoir le buste “La Liberté” sur la fontaine de la place du Temple, qui fut offert à la Municipalité qui l’accepta et le remercia en ces termes : “Vous avez trouvé sur le sol de la Suisse un asile contre les orages des révolutions et, en souvenir de l’hospitalité reçue, vous nous faites l’offre d’un buste à placer comme ornement sur la fontaine principale de notre ville. Votre offre généreuse nous l’acceptons, Monsieur, avec reconnaissance. Nous apprécions le sentiment pour nous doux qui a dicté votre démarche, savoir que sur les rives du Léman, vous avez joui de la paix, appris à connaître nos institutions libérales et vécu tranquille sous le drapeau de la liberté qui vous a inspiré. Merci donc pour ce témoignage de votre affection pour nous, lequel nous est doublement précieux puisqu’il est l’oeuvre d’un grand artiste. Nous conserverons avec soin ce monument qui dira à la postérité : un illustre exilé a trouvé ici le repos”. Quelques jours plus tard, la Municipalité lui écrivait à nouveau pour lui faire part de quelques craintes : “Nous avons accepté avec reconnaissance le buste que vous avez offert si généreusement à la commune, mais la Municipalité vous prierait de bien vouloir ne pas intituler ce chef-d’oeuvre “Helvetia” et de supprimer la croix fédérale, notre écusson national, ceci dans le but unique d’empêcher toute interprétation au point de vue politique”.
Nous ignorons la réponse de Courbet, mais la croix fédérale subsiste toujours sur l’original en plâtre conservé dans nos archives. »
Source : PV du Conseil communal du 2 février 2005
Ces liens avec le peintre sont aussi à l’origine du jumelage en 1982 de ma commune avec celle d’Ornans, charmante ville de la vallée de la Loue, entre Pontarlier et Besançon, où Gustave Courbet est né en 1819 :

Vue d’Ornans
Peinture (Paysage)
Date : approx. entre 1852 et 1858
Artiste : Jean-Désiré-Gustave Courbet
Emile Zola écrira ces lignes au sujet de Gustave Courbet, dans ses Lettres de Paris intitulées L’Ecole française de peinture à l’Exposition de 1878:
J’ai dit que jusqu’ici il y a eu trois grands talents dans l’école française du XIXème siècle : Eugène Delacroix, Ingres et Courbet, et que ce dernier était aussi grand que les deux premiers. Les trois ensemble ont révolutionné notre art : Ingres accoupla la formule moderne à l’ancienne tradition ; Delacroix symbolisa la débauche des passions, la névrose romantique de 1830 ; Courbet exprima l’aspiration au vrai – c’est l’artiste acharné au travail, asseyant sur une base solide la nouvelle formule de l’école naturaliste. Nous n’avons pas de peintre plus honnête, plus sain, plus français. Il a fait sienne la large brosse des artistes de la Renaissance, et s’en est servi uniquement pour dépeindre notre société contemporaine.
(Source : insecula)
En y associant son engagement social et démocratique, Gustave Courbet est un peintre qui mérite très largement le détour et la thèse qui sera défendue le 9 décembre prochain sera, à nul douter, une pièce importante dans la connaissance de ce peintre relativement à son engagement politique et social :
La thèse de doctorat d’histoire de l’art La réception de Gustave Courbet par ses contemporains des points de vue politique et social, présentée par Thomas Schlesser à l’EHESS, sera soutenue le samedi 9 décembre 2006 à partir de 9h à l’auditorium de l’INHA, 2 rue Vivienne, 75002 Paris.
Jury: Eric Michaud (directeur de thèse, EHESS), Neil McWilliam (Duke University), Pierre Wat (université d’Aix-Marseille 3), Jean-Louis Cabanès (université de Paris 10-Nanterre), Bertrand Tillier (université de Paris 1).
Source de l’info : Actualités de la recherche en histoire visuelle
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Sur le plan social, on peut voir l’histoire récente du tableau « L’Origine du monde » toujours dérangeant et fascinant, ici
Thomas Schlesser sera dans le Jura …français le 30 juin 2007 pour y donner une conférence sur Courbet. Elle s’intégrera dans un week-end consacré au maître-peintre franc-comtois dont le point d’orgue sera la reconstitution vivante (misen scène théâtrale) du tableau l’Enterrement à Ornans. Nous serions heureux d’y associer la commune de la Tour de Peilz
Si Patrice pouvait me joindre par mail relativement à son commentaire, cela me serait très utile, car le mail indiqué dans son commentaire n’est plus en service.
Pour me joindre lyonel.kaufmann [at] mac.com