Bien évidemment aujourd’hui, les quotidiens suisses-romands consacrent une large place au rachat de Serono par l’allemand Merck.
Dans ces cas-là, il est généralement difficile de disposer d’informations contrastées sur un tel sujet. Surtout si le patron de l’entreprise est un des chouchous des médias —tant de la rubrique économique, scientifique que de celles des sports ou de people— et de l’intelligensia socio-économique.
Rien ne vaut alors la lecture de quotidiens de la presse étrangère. C’est bon pour la tête, je vous assure.
Ainsi, si vous allez lire le quotidien en ligne Libération, vous pourrez y apprendre des éléments intéressants tant sur la success story de Serono que sur la qualité de la transaction.
Commençons par la saga de l’entreprise Serono et l’origine de son succès.
Les premiers succès de Serono remontent aux années 1940-1950. Son origine :
un traitement contre l’infertilité fondé sur une hormone présente dans l’urine des femmes ménauposées. La banque vaticane, alors copropriétaire avisée de l’entreprise, avait mis à disposition la matière première des couvents, abondante et gratuite.
Plutôt cocasse, non? Sans parler que l’image d’une entreprise familiale qui se serait faite toute seule grâce à des individus éclairés en prend un (sacré) coup. Qu’auraient été les Bertarelli non seulement sans la mise à disposition gratuite des nones, mais également sans les fonds du Vatican?
Serono : une bonne affaire et une entreprise solide ?:
Si l’affaire est bonne pour les Bertarelli, la firme elle-même, malgré 370 millions de profits au premier semestre 2006, n’est pas en superforme. La moitié de son chiffre d’affaires repose sur un seul médicament, le Rebif, contre la sclérose en plaques, qui devrait être concurrencé par d’autres traitements d’ici deux ans. Et le «pipeline» de produits en cours de développement est trop faible pour prendre le relais rapidement. La drôle de saga industrielle et familiale de Serono devrait laisser place à une restructuration saignante.
Ce sont les employés qui vont être contents. Notamment en Suisse?
Au final, nous sommes un peu plus loin que le communiqué diffusé par les deux entreprises et qui se félicitaient :
«d’une combinaison stratégiquement irrésistible avec la taille suffisante pour affronter la compétition sur le marché pharmaceutique global».
Il me reste à vous souhaiter une bonne journée et à vous renvoyer à l’article du journal Libération : Le pharmacien Merck se lance dans les biotechs !
L’ATS, La Liberté et Le Courrier par la même occasion mettent partiellement en évidence eux aussi l’histoire de l’entreprise Serono et ses liens avec le Vatican, mais sans l’histoire des nones. Ainsi Le Courrier titre Serono appartenait autrefois au Vatican.
Par ailleurs, Christian Campiche offre dans La Liberté et Le Courrier un commentaire qui ne masque pas les nuages pouvant s’accumuler plus ou moins rapidement sur les employés de l’entreprise en Suisse :
En cédant l’entreprise familiale, Ernesto Bertarelli s’enlève une épine de son pied marin. Mais quelles seront les conséquences pour les 1500 employés du groupe en Suisse romande? Tant le vendeur que l’acheteur tentent de rassurer en parlant de complémentarité […]. [Mais] mais l’expérience montre que les fusions se traduisent souvent par des restructurations. […] [On] peut se faire du souci pour l’unité de Corsier, entre Vevey et Châtel-Saint Denis, où travaillent plus de 200 personnes.
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…pendant la periode de tenure du Vatican, Serono produisait un contraceptif oral…plus que cocasse, non?
Tout-à-fait, Jean-Louis, tout-à-fait…